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Portrait de Rachel et Hannah

Bienvenue sur notre album !

Je m'appelle Rachel, j'ai 8 ans et je vis à Paris avec mes parents et ma grande sœur, Hannah. Pour ses 13 ans, mes parents lui ont offert un appareil photo car depuis qu’elle est toute petite elle rêve d’être photographe. Je ne l'ai jamais vue aussi heureuse. J’ai hâte de pouvoir coller nos photos dans notre album de famille.

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Documents pour la classe

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"Elle compte ses tickets"

Témoignage d’une parisienne

 

« De bonne heure le matin, elle compte ses tickets et établit un véritable plan de bataille pour obtenir de quoi nourrir sa famille. Avant de partir, elle prépare du faux café additionné de faux sucre (la saccharine). Ayant fait sa toilette à l’eau froide en prenant garde à ne pas faire mousser le savon trop longtemps, elle se rend chez le marchand de légumes et, par chance, y achète le dernier chou-fleur. Pas de problème à la charcuterie, il n’y a plus rien… pas de saccharine non plus à la pharmacie. Rentrée chez elle, elle prépare le repas qui se compose du seul chou-fleur. L’après-midi, après avoir reprisé quelques vêtements usés, elle repart en quête du repas du soir… »

Extrait du « Journal d’une Parisienne » de Georges Duhamel

 

"Je ne devais rien dire."

Témoignage de Franca, enfant cachée

 

« On me posait des tas de questions, sur plein de choses, ma famille, mon école, ce que j’avais appris, ceci, cela, je ne devais rien dire. Et j’inventais, j’inventais. Et après, on me reposait des questions. Je me disais : « Est-ce que je vais me rappeler ? Qu’est ce que j’ai dit ? le mensonge de l’autre jour, est-ce que je vais m’en rappeler ? » Tout tourbillonnait dans mon cerveau, c’était effrayant. J’étais épuisée de mensonges, de choses que je devais inventer. Je croyais devenir folle parce que je n’étais plus du tout dans le coup. »

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

"Tu ne t'appelles plus Goldberg, tu t'appelles Page, Lily Page."

Témoignage de Liliane, enfant cachée

 

« A Lyon, on m’a inscrite à l’école. C’était une classe unique avec des enfants de tous les âges. Avant que je rentre à l’école, on m’a fait une « leçon d’identité » et on m’a dit : « Tu ne t’appelles plus Goldberg, tu t’appelles Page, Lily Page. » j’ai essayé d’intégrer ça. […] Et donc je me suis retrouvée en classe et l’instituteur a fait l’appel, il a donné plusieurs noms. À chaque fois, il y avait un aller-retour, un nom et puis une réponse « Présent ! » ou « Présente ! ». Et, à un moment donné, j’entends un nom avec insistance, personne ne répond, encore une fois, personne. Et subitement, illumination, c’était moi. On appelait « Page ». Et d’un seul coup, j’ai levé le doigt comme si on me réveillait et j’ai dit : « C’est moi ! » avec l’impression d’avoir échappé à quelque chose d’horrible. »

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

"On a vraiment souffert de la faim."

Témoignage de Samuel, enfant caché

 

« Lorsque notre nourrice organisait des repas, il y avait deux services. Un pour les enfants dont les parents payaient et puis un pour nous, les enfants juifs, qui mangions des repas tout à fait différents. On a vraiment souffert de la faim, au point qu’on en étaient réduits à commettre des larcins. La nuit, on se levait, on allait voler des morceaux de sucre, du pain, des tickets de pain, de l’argent pour pouvoir en acheter le lendemain quand on allait à l’école. Un mouvement de solidarité s’est créé autour de nous… Il y avait en particulier une famille de Polonais, mais de non juifs, qui nous ont pris en affection et qui s’arrangeaient plus ou moins pour nous passer des sandwiches en cachette. Il ne fallait pas que ça se sache parce qu’on aurait été massacrés… »

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

"On devait attendre les déportés devant l'hôtel Lutétia."

Témoignage de Marie, enfant cachée

 

« En 1945, on devait attendre les déportés devant l’hôtel Lutétia à Paris. Je n’ai jamais rien connu de pire que ces attentes. La mort devenait tangible. C’est depuis ce temps là que toute attente m’angoisse… Quand on avait attendu des heures, des jours, des mois, on savait que ce n’était plus la peine, à moins d’un miracle… À l’école, je vivais dans un autre monde. Je n’étais pas vraiment là, je n’étais pas comme les autres. J’étais dans le monde des morts ; j’avais du mal à rire, à jouer ; je ne parlais à personne… À dix ans, j’étais vieille, adulte déjà d’une certaine façon. J’avais vécu trop de choses. Les professeurs se posaient des questions. On convoquait ma mère…

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

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"Elle compte ses tickets"

Témoignage d’une parisienne

 

« De bonne heure le matin, elle compte ses tickets et établit un véritable plan de bataille pour obtenir de quoi nourrir sa famille. Avant de partir, elle prépare du faux café additionné de faux sucre (la saccharine). Ayant fait sa toilette à l’eau froide en prenant garde à ne pas faire mousser le savon trop longtemps, elle se rend chez le marchand de légumes et, par chance, y achète le dernier chou-fleur. Pas de problème à la charcuterie, il n’y a plus rien… pas de saccharine non plus à la pharmacie. Rentrée chez elle, elle prépare le repas qui se compose du seul chou-fleur. L’après-midi, après avoir reprisé quelques vêtements usés, elle repart en quête du repas du soir… »

Extrait du « Journal d’une Parisienne » de Georges Duhamel

 

"Je ne devais rien dire."

Témoignage de Franca, enfant cachée

 

« On me posait des tas de questions, sur plein de choses, ma famille, mon école, ce que j’avais appris, ceci, cela, je ne devais rien dire. Et j’inventais, j’inventais. Et après, on me reposait des questions. Je me disais : « Est-ce que je vais me rappeler ? Qu’est ce que j’ai dit ? le mensonge de l’autre jour, est-ce que je vais m’en rappeler ? » Tout tourbillonnait dans mon cerveau, c’était effrayant. J’étais épuisée de mensonges, de choses que je devais inventer. Je croyais devenir folle parce que je n’étais plus du tout dans le coup. »

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

"Tu ne t'appelles plus Goldberg, tu t'appelles Page, Lily Page."

Témoignage de Liliane, enfant cachée

 

« A Lyon, on m’a inscrite à l’école. C’était une classe unique avec des enfants de tous les âges. Avant que je rentre à l’école, on m’a fait une « leçon d’identité » et on m’a dit : « Tu ne t’appelles plus Goldberg, tu t’appelles Page, Lily Page. » j’ai essayé d’intégrer ça. […] Et donc je me suis retrouvée en classe et l’instituteur a fait l’appel, il a donné plusieurs noms. À chaque fois, il y avait un aller-retour, un nom et puis une réponse « Présent ! » ou « Présente ! ». Et, à un moment donné, j’entends un nom avec insistance, personne ne répond, encore une fois, personne. Et subitement, illumination, c’était moi. On appelait « Page ». Et d’un seul coup, j’ai levé le doigt comme si on me réveillait et j’ai dit : « C’est moi ! » avec l’impression d’avoir échappé à quelque chose d’horrible. »

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

"On a vraiment souffert de la faim."

Témoignage de Samuel, enfant caché

 

« Lorsque notre nourrice organisait des repas, il y avait deux services. Un pour les enfants dont les parents payaient et puis un pour nous, les enfants juifs, qui mangions des repas tout à fait différents. On a vraiment souffert de la faim, au point qu’on en étaient réduits à commettre des larcins. La nuit, on se levait, on allait voler des morceaux de sucre, du pain, des tickets de pain, de l’argent pour pouvoir en acheter le lendemain quand on allait à l’école. Un mouvement de solidarité s’est créé autour de nous… Il y avait en particulier une famille de Polonais, mais de non juifs, qui nous ont pris en affection et qui s’arrangeaient plus ou moins pour nous passer des sandwiches en cachette. Il ne fallait pas que ça se sache parce qu’on aurait été massacrés… »

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002

 

"On devait attendre les déportés devant l'hôtel Lutétia."

Témoignage de Marie, enfant cachée

 

« En 1945, on devait attendre les déportés devant l’hôtel Lutétia à Paris. Je n’ai jamais rien connu de pire que ces attentes. La mort devenait tangible. C’est depuis ce temps là que toute attente m’angoisse… Quand on avait attendu des heures, des jours, des mois, on savait que ce n’était plus la peine, à moins d’un miracle… À l’école, je vivais dans un autre monde. Je n’étais pas vraiment là, je n’étais pas comme les autres. J’étais dans le monde des morts ; j’avais du mal à rire, à jouer ; je ne parlais à personne… À dix ans, j’étais vieille, adulte déjà d’une certaine façon. J’avais vécu trop de choses. Les professeurs se posaient des questions. On convoquait ma mère…

extrait de « Paroles d’Etoiles », Librio, 2002